mercredi 26 mai 2021

L'année de grâce, de Kim Liggett


titre : L'année de grâce
autrice : Kim Liggett
édition : Casterman
nombre de pages : 528
parution : 7 octobre 2020
coût : 19,90€
récompenses : Prix Millepages 2020 et Prix Libr'à nous 2021





4ème de couverture : 

Celles qui survivront ne seront plus jamais les mêmes.

« Personne ne parle de l’année de grâce. C’est interdit.
Nous aurions soi-disant le pouvoir d’attirer les hommes et de rendre les épouses folles de jalousie. Notre peau dégagerait l’essence pure de la jeune fille, de la femme en
devenir. C’est pourquoi nous sommes bannies l’année de nos seize ans : notre magie doit se dissiper dans la nature afin que nous puissions réintégrer la communauté.
Pourtant, je ne me sens pas magique.
Ni puissante. »

Un an d’exil en forêt.
Un an d’épreuves.
On ne revient pas indemne de l’année de grâce.
Si on en revient.

Avis : 

 Ceci est une chronique « coup de gueule ». Je n’arrive pas à écrire cette chronique sans tout déverser. J’ai besoin d’extérioriser, d’en parler avec d’autres qui ont lu le roman. Elle va donc, une fois n’est pas coutume, contenir quelques spoilers.


L’année de grâce fut une déception. Je m’attendais à un roman révolutionnaire, féministe, engagé. Au lieu de ça, j’ai plutôt trouvé un roman ado basique. Ai-je grandi ? Avais-je trop d’attentes ? 


Le lieu de l’intrigue est inconnu, l’époque aussi, mais les valeurs sont celles du Moyen-Âge. Les filles sont mariées de force, à 16 ans, âge où leur « magie » se déclenche. Juste après les propositions de mariage, qui se font en huit-clos uniquement masculin, les jeunes filles sont envoyées en forêt pour dissiper leur magie et revenir inoffensives. C’est l’année de grâce. L’héroïne, Tiernan, est dès le départ différente des autres. Elle ne veut pas se marier, ne croit pas à la magie, rêve (ce qui est interdit), elle veut être libre, indépendante. 

Pourquoi, pour une fois, ne pourrait-on pas avoir un groupe d’héroïnes et non une seule ? 


Le groupe, c’est ce que j’espérais voir apparaître dans ce roman. Une entraide féminine, féministe. Or, l’année de grâce fait ressortir le pire chez les jeunes filles, l’autrice déploie une violence impressionnante. Pourquoi ce surplus de violence physique, de barbarie ? Peut-être était-ce la frustration que ressentaient les femmes d’être mal traitées en ville qui ressortait entre elles et contre elles durant l’année de grâce ? Néanmoins, je n’ai pas trouvé cela utile, j’avais l’impression d’une violence gratuite, comme dans le film Blanche Neige et le chasseur où les mères défigurent leurs filles pour qu’elles ne soient pas plus belles que la Reine.


Cette violence m’a paru encore plus déplacée quand j’ai découvert au fil des pages une histoire d’amour trop clichée à mon goût. SPOIL La proie et le braconnier, l’amour interdit. SPOIL Dans ce livre féministe, j’aurais aimé une héroïne véritablement indépendante, qui n’a pas besoin d’un homme pour lui faire se rendre compte de la société aberrante dans laquelle elle vit. Or, j’ai eu l’impression de retomber dans une histoire niaise, exactement comme ce que j’avais ressenti à la lecture de VOX, de Christina Dalcher.


Comme pour le roman de Christina Dalcher, le sujet est important : sexisme, machiste, domination masculine et peur de la femme. Et comme pour ce roman, L’Année de grâce a, pour moi, échoué à le traiter sur la longueur de l’intrigue. 


Parlons en de cette intrigue. L’environnement moyenâgeux et magique me paraissait un très bon moyen de détourner tout en parlant d’aujourd’hui (le principe de mise à distance spatiale et temporelle qu’utilisent Saint-Simon dans ses Mémoires, Du Bellay dans Les Regrets, et bien d’autres, permet ainsi de mieux se rendre compte de notre réalité sans entrer en confrontation directe avec elle). Malheureusement, j’ai trouvé le cadre mal posé, il me manquait des détails, des explications : comment en était-on arrivé là ? pourquoi les filles étaient-elles dotées de « magie » ? Et j’ai trouvé de nombreuses facilités scénaristiques (la fin, notamment)


Enfin, et après promis j’arrête ma diatribe contre L’année de grâce, j’ai été gênée par l’écriture. Je ne sais pas si c’est la traduction ou l’originale, mais pour moi, cela sonnait faux. Le vocabulaire utilisé ne convenait pas, j’avais l’impression qu’elle (autrice ou traduction) voulait montrer ses connaissances, ses mots savants. Mais cela n’apportait rien à l’intrigue, au contraire. Certains auteurs ont une langue en excès, des personnages de l’excès, mais c’est fait exprès, comme le Capitan Matamore de qui Scarron se moque et sur qui il cherche à surenchérir (ou comme moi qui tente de réutiliser mes cours dans mes chroniques).


Contrairement à beaucoup d’avis, sur internet, en librairie, je n’ai pas accroché avec L’année de grâce. Mais si ce livre permet à ses lectrices et lecteurs de réfléchir aux problématiques abordées, alors je pense que Kim Liggett aura rempli le contrat médiatique du « livre féministe » et c'est ce qui m'importe, qu'un livre véhicule un message.


Avertissements : 
(surligner pour voir, cela peut potentiellement divulguer l'intrigue)
violence physique - sang - mort  -

jeudi 20 mai 2021

Jeux jaloux, de Stéphanie Richard



titre : Jeux jaloux
autrice : Stéphanie Richard
édition : Sarbacane
collection : Exprim'
nombre de pages : 208
parution : 5 mai 2021
coût : 16€





4ème de couverture : 

Dylan, 18 ans, un bac tout frais en poche, s’installe à Paris pour faire une prépa maths.
Une nouvelle vie s’offre à lui dans les beaux quartiers de la capitale.

À un cours de théâtre, il rencontre Emma.
Coup de foudre immédiat !

Dans le même temps, Dylan se lie d’amitié avec Cecil, un dandy à l’humour caustique.
Et soudain, sans qu’il n’ait rien vu venir, il tombe dans l’œil du cyclone. Un tourbillon de jeux jaloux qui le dépasse et l’écrase. Comment ont-ils pu en arriver là ?


Avis : 

Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture 

Cette fin m'a donné une véritable claque, fin de théâtre. J’en suis abasourdie, je ne peux penser à rien, au point que j’ai mis plus de 2 semaines à écrire cette chronique.


Alors que Dylan entre en première année de prépa scientifique à Paris, il rencontre Emma au club de théâtre. C’est le coup de foudre. Un coup de foudre théâtral. Puis vient Cecil. Et ça complique tout.


Jeux Jaloux m’a laissé une impression très bizarre. Je ressentais comme un malaise, les relations des personnages me dérangeaient. La fin m’a apporté une réponse à ce malaise, mais elle n’explique pas tout. J'ai été gênée par ce livre, peut-être parce que j’étais complètement absorbée. J’avais l’impression d’être en proie à une pulsion malsaine, un espionnage, la pulsion scopique de Lacan, vous connaissez ? le fait de regarder quelque chose d’irregardable, d’insoutenable, mais de le faire quand même, comme quand on passe devant un accident de voiture et que l’on cherche les blessés. Je ne pouvais pas lâcher ce livre et en même temps j’observais en me disant : « c’est quoi ça ? ».


J’ai trouvé la romance irréaliste, tomber amoureux aussi vite ? Mais leurs dialogues à l’ancienne, tous mignons, sont extrêmement amusants : 

"Mon aimée." 

"Pour le voyage au Japon, ce sera pour fêter tes 20 ans. En attendant, voici mon présent..."

" - Tu fais quoi ?

   - Je pense à toi ma belle envolée en mangeant du nougat.

   - Tu me trompes avec du nougat ?

   - Oui... Tendre et croquant comme toi !

   - Je tordrai le cou à ce nougat à peine rentrée, il ne perd rien pour attendre !

   - Je t'aime !

   - Moi aussi... "


Pour l’écriture, pas de doute, Stéphanie Richard me tenait complètement en haleine. Je n’arrêtais pas de me demander « mais pourquoi ? mais comment ? ». A la fin, j’étais à la fois rassurée et horrifiée. J’aurais aimé plus d’explications, mais en même temps, c’est parce qu’elle était abrupte que la fin m’a marquée.


Jeux jaloux est un roman addictif, sombre, où se mettre à la place de Dylan, suivre ses sentiments ou les évènements, est compliqué. Qui croire ? L'amoureuse ? L'ami ? Jeux jaloux n'est pas un simple triangle amoureux comme on en a lu cent fois. C'est plus subtile, jouant sur les faux-semblants, les incertitudes. Et à la fin, il est difficile de classer cette lecture.


Avertissements : 
(surligner pour voir, cela peut potentiellement divulguer l'intrigue)
propos homophobes - violence verbale

samedi 8 mai 2021

Lettre à toi qui m'aimes, de Julia Thévenot


titre : Lettre à toi qui m'aimes
autrice : Julia Thévenot
édition : Sarbacane
collection : Exprim'
nombre de pages : 120
parution : 7 avril 2021
prix : 12,5€





4ème de couverture 

Yliès et Pénélope, ça sonne comme un couple fait pour s’aimer, un duo romantique de lettrés ; c’est musical, gourmand, sucré-calé. Alors pourquoi Pénélope ne l’aime-t-elle pas, Yliès, hein ? Elle joue avec lui, en plus, sérieux : du jour où elle l’a rencontré, elle a su qu’elle lui plaisait. Elle l’a senti, compris. Alors pourquoi, pourquoi, l’a-t-elle laissé s’approcher, s’amouracher, se glisser dans son quotidien et ses amitiés, aller aussi loin, aussi près ? Pourquoi ne veut-elle pas l’aimer?

Mon avis 


Merci aux éditions Sarbacane pour cette lecture

 Lettre à toi qui m’aimes fut un coup de coeur. C’est un roman très court, mais qui m’a fait ressentir tellement de choses. 

Lettre à toi qui m’aimes est une magnifique histoire d’amour, pas une de roman, pas de film à l’eau de rose, une véritable histoire d’amour entre deux individus comme vous et moi. Un garçon, qui aime une fille, qui ne l’aime pas en retour. La vision de l’aimant, on la connait, celle de l’aimée, beaucoup moins. Que faire quand on se rend compte que l’on ne partage pas les mêmes sentiments ? que cela va lui faire du mal ? que cela peut même gâcher quelque chose ? Yliès n’y est pour rien, pas plus que Pénélope. 


J'oscillais entre le YES et le PRESQUE -

quand tu as dit quelque chose


(...)


    J'ai su, avec une douce certitude, et souri différemment à partir de là :


tu me plaisais presque,

mais pas.


Dans ce court roman, nous sommes donc dans la tête de Pénélope. Elle sait ce qu’Yliès ressent pour elle, elle le sait, mais elle ne veut pas lui faire du mal, elle ne sait pas quoi lui dire, ne voulant ni le quitter ni le lui dire. Alors elle fuit. La vérité, c’est qu’elle l’aime, mais pas comme il le voudrait.


Est-ce que j'aurais dû te jeter aux cocos ? Te le dire 


e n  t o u t e s  l e t t r e s ?


    Je trouve que ce n'était pas à moi de mettre ton coeur en boîte. Cet organe-là t'appartient, et le mal que tu lui fait est tien - absurde et précieux, cruel sans doute, mais tien.


Julia Thévenot a une écriture si intense, entre rock et poésie. J’ai trouvé que les vers libres ajoutaient à la bulle. J’étais complètement plongé dans ce roman, je l’ai lu d’une traite.  D’une certaine manière, l’écriture m’a fait penser à celle de Joanne Richoux dans Les Collisions.

J'ai dit : 
- Je comprends, Yliès, et je sais - j'ai déjà vécu ça, de ne désirer rien d'autre que d'être prise, serrée, écrasée dans les bras de celui qui habite tes nuits et tes journées ; je sais ce que c'est. C'est dingue, dur, et ça te tord les boyaux et ça te flingue la tête, c'est douloureux.Je vois très bien, mais 
je ne ressens pas ça pour toi
Tu es un super
pote, 
mais je ne te vois pas comme ça.


Ecrire cette chronique fut un peu laborieux. De suite après ma lecture, j’avais écrit ce que je ressentais, mais il m’a fallut un peu de temps avant de pouvoir rédiger. Et maintenant, j’ai envie de me replonger dans Lettre à toi qui m’aimes, dans la tête de Pénélope.


J’ai aimé le sujet.

J’ai aimé la puissance de ce que j’ai ressenti.

J’ai aimé le groupe de rock/jazz et les chansons qu’il m’a fait découvrir.

J’ai aimé les personnages.

J’ai aimé Lettre à toi qui m’aimes ;)

lundi 3 mai 2021

C'est Lundi, Que Lisez-Vous ?

 Hello !


Je suis en vacances, la fin de la prépa approche, j'ai envie de reprendre mon blog. Je lis, je tente de chroniquer, mais ça ne me plait pas... Alors pourquoi pas un petit update ?

C'est lundi, que lisez-vous, QUESAKO ?

C'est lundi, que lisez-vous reprend "It's Monday, what are you reading ?" du blog One person's journey through a world of books. Au départ, le récapitulatif des liens français se faisait sur le blog de Galleane, puis, c'est le blog I Believe in Pixie Dust qui a repris le flambeau 
Le but de ce rendez-vous hebdomadaire, c'est de faire un petit bilan de sa semaine : 
Qu'avez-vous lu ?
Que lisez-vous maintenant ?
Que lirez-vous ensuite ?

Mes lectures, et autres, de la semaine passée : 


 
  • Le Journal de Gurty tome 9 : La Revanche de Tête de Fesses, de Bertrand Santini. Un véritable bijou d'amour et de rigolade
  • L'Année de Grâce de Kim Liggett, qui fut malheureusement une déception, j'écris en ce moment ma chronique ...
  • Jeux Jaloux, de Stéphanie Richard. Je viens à peine (lundi, 19h14) de le finir, et wahou, la fin m'a donné une claque, il va me falloir quelques temps de repos avant la rédaction.
Je reprends doucement des lectures pour le blog. 
J'en suis heureuse ! Ça m'avait manqué





  • Avec mon amoureux, on a (enfin !) fini la série En thérapie. J'ai bien aimé, c'était sympa de suivre les personnages, mais je n'ai pas aimé la fin, voire même, les 5 derniers épisodes.
  • Et je suis encore retombée dans Lois et Clark, les nouvelles aventures de Superman. Je meurs d'impatience de voir la suite de Superman et Lois et donc en attendant je revisionne d'anciennes séries.

En ce moment 


  • Par-ci par-là, je lis des poèmes de Philippe Jaccottet. Je l'ai découvert en cours de lettres, et j'ai beaucoup aimé (enfin, pas la citation sur laquelle nous avions dû disserter pendant 6 heures)
  • Comme je viens de finir Jeux jaloux, je vais commencer ce soir Les Impatientes, de Djaïli Amadou Amal. J'ai très envie de découvrir ce livre, je suis impatiente ;)
  • Hier, on a commencé The Queen's gambit, de Scott Frank

Mes prochaines lectures 


La folie des vacances m'a fait emprunter plein de livres 
  • Le Bleu de tes mots, de Cath Crowley, lecture ado qui me faisait envie pour le blog
  • Nevermoor, tome 1 : Les Défis de Morrigan Crow, de Jessica Townsend, toujours pour le blog
  • Oh Happy Day, de Jean-Claude Mourlevat et Anne-Laure Bondoux. J'avais lu à sa sortie Et je danse aussi, que j'avais adoré, il me tardait de découvrir la suite.

Les articles de la semaine et ceux à venir

Tout n'arrivera pas cette semaine, je ne pense pas pouvoir tout rédiger
Dans l'idéal, c'est ce que j'aimerais pour les prochains jours...

Et vous, que lisez-vous ?
Je vous souhaite une bonne semaine :)