4ème de couverture :
Mon avis :
Le style graphique d’Ai Yazawa est magnifique. Ses traits, élégants et très fin, permettent aux dessins d’être extrêmement détaillés, conférant ainsi un caractère très réaliste aux personnages mais aussi aux décors. Bien sûr, on retrouve le style du manga dans certaines expressions faciales, mais elles ressortent tellement par rapport au reste qu’elles ne forment qu’une petite bulle d’eau à l’intérieur d’un océan.
Les traits d’Ai Yazawa permettent surtout de mettre en valeur le thème de Paradise Kiss : la mode. Les robes et les accessoires sont éblouissants, chaque création de Para’Kiss m’émerveillait au plus au point.
Je découvrais avec plaisir l’univers magique et impitoyable de la mode. Derrière la marque Para’Kiss se cachent quatre étudiants d’une école de stylisme : Miwako et Arashi qui cousent, Isabella qui dessine les patrons et last but not least Georges qui crée les vêtements. Cette bande d’amis ont fait d’un vieux bar leur atelier où ils se préparent pour le défilé de leur école. Mais pourquoi se donnent-ils des noms anglais ? Ça, je n’ai pas réussi à le comprendre… Par le dessin, ils sont bien distinct les uns des autres : un style excentrique pour Isabella, metalleux/punk pour Arashi, androgyne pour Georges, très classe et froid pour Yukari et ma préférée, Mikawo, toute mignonne avec son style enfantin et ses différentes perruques.
On rencontre ces personnages par le biais de Yukari, l’héroïne de Paradise Kiss. Elève sérieuse qui se prépare aux concours d’entrée en fac, elle est accostée par Arashi. Sa grande taille et sa minceur font d’elle le mannequin parfait. D’abord réticente, Yukari va entrer dans ce monde bizarre et attirant dans lequel, je trouve, elle n’a de place que par son apparence. Plusieurs thèmes sont abordés : l’orientation professionnelle, les relations amicales et amoureuses, les conflits familiaux, les doutes et les prises de conscience… Malheureusement, tout cela est gâché par les personnages. Je ne peux pas les supporter.
Que ce soit de par leur caractère ou leurs relations, les personnages sont d’une toxicité effarante. Je semble dure, mais je les ai vraiment trouvés problématiques. Georges est imbuvable, il est hautain, prétentieux et ses interactions avec les autres sont extrêmement malsaines. Autocentré, il ne prend pas ses amis en considération, donne des ordres à tout va et se comporte finalement exactement comme son père qu’il considère pervers. Les filles sont d’une soumission horripilante. Ce n’est pas possible d’accepter de se faire rabaisser à ce point par des garçons. Que ce soit Miwako, Yukari, et même la mère de Georges, elles ne vivent que pour eux, changent leur comportement pour leur plaire et leur pardonnent tout. Elles couchent même avec eux pour rester dans leurs bonnes grâces et oblitère un viol comme un simple "accident de parcours". Ce n’est pas de l’amour, et le montrer comme tel est extrêmement dangereux, ce n'est plus possible à notre époque (le dernier tome est, certes, paru en 2005 en France, mais ce n'est pas une excuse, ou du moins, il faut l'avoir bien en tête en le lisant). Paradise Kiss montre alors les hommes comme dominants, chefs suprêmes et les femmes comme dominées, tout juste bonnes à leur faire plaisir. Toute l’évolution de Yukari tourne autour de Georges, il n’aime pas les filles qui se laissent faire ? Alors elle va être décidée. Il n’aime pas les filles en désaccord avec lui ? Alors elle va s’opposer. Elle change complètement pour lui qui est en plus paradoxale dans ses choix et ses envies.
Au milieu de ces personnages : Isabella. Jeune femme indépendante, née garçon, elle vit comme elle l’entend. Dessiner des patrons est sa passion, elle n’a que faire du regard des autres et finalement, c’est elle la plus sage du groupe. Elle n’est au centre d’aucun drama ce qui, je pense, explique la rareté de ses apparitions. On a cependant droit à quelques très belles scènes avec elle sur la transidentité.