samedi 25 juin 2022

Premières lignes : Je serai vivante de Nastasia Rugani

Premières lignes est un rendez-vous créé par Aurélia du blog Ma Lecturothèque. Il s'agit de vous faire découvrir un livre en vous mettant ses premières lignes. Simple non ?
J'ai trouvé le principe plutôt sympa, donc quand l'envie m'en prendra, pourquoi ne pas le faire?

Ce genre d'article est pour moi l'occasion de vous partager certaines de mes lectures sur lesquelles j'aurais du mal à disserter longtemps ou des écritures qui m'ont particulièrement touchée, reconnaissables des les premières lignes.


Je serai vivante, de Nastasia Rugani
Edition Gallimard, collection Scripto 2021
128 pages, 9€

Avertissements : 
(surligner pour voir, cela peut potentiellement divulguer l'intrigue)
viol, agression sexuelle, plainte 


     Depuis que je suis entrée dans votre bureau étriqué, Monsieur l’of cier, vous attendez une jupe en lambeaux, du sang sous les ongles et des témoins. Je crois que vous auriez préféré une foule rugissante devant mon corps dévoré par des chiens haineux; leurs babines rosies de moi ; mes os à vos pieds.
    Des preuves à récolter.
    Un viol à voir.
    Moi, j’aurais préféré ne jamais me rendre sous le cerisier, il y a trois mois, en avril dernier.
    Des aveux de saleté, je n’en manque pas. Seulement je ne peux pas montrer mes organes. Mes ruines se dressent au milieu de mes abats. Bien sûr mes vêtements de chair ont l’air propres. Mon tee-shirt d’un bleu sage sur ce jean à la droiture ample ne laisse rien paraître du crime. Je sens le shampoing nacré de ma mère à chaque fois que je baisse la tête. Et je la baisse souvent. Cette odeur visqueuse de fruits d’été, comme des mouches agrippées à moi, me rappelle à vous. Il me semble, Monsieur l’of cier, que vous devinez la pourriture sous mes cheveux sucrés. D’une certaine façon, je crois que ma douleur vous écœure. Je remarque le pincement de votre nez. Votre nez, telle une courte falaise surplombant le bas de votre visage si raide. J’observe vos narines se tendre au moindre mot vif et rouge que je prononce en tremblant. Mal. Culotte. Suffoque. Braguette.
    Aussi je fais silence.
    Vous prenez mes creux pour des mensonges. Vous expirez fort comme si vous étiez sur le point de vous moucher. Répétez mes phrases a n de les retourner contre moiVous m’obligez à devenir mon adversaire. «C’est bien cela qu’il a dit? Avant ou après avoir bloqué ton bras au-dessus de ta tête ? Tu as dit avant tout à l’heure. Tu ne te rappelles pas ? Tu n’es plus sûre de toi ? » Répondre à vos questions, Monsieur l’of cier, ne libère aucune parole. Le viol continue de souf er mon être. Vous n’ajoutez que ronces et cailloux aux rafales. Des crachats sur des plaies ouvertes. Alors que j’essaie de formuler ce qui est en moi, vous me dépossédez de mon l de mots ô combien usés d’être répétés. Votre voix de fer. «Articule. Sans balbutiement cette fois.» Vous me forcez à parler plus fort, si fort que je chancelle. J’ignore comment tenir assise sur cette chaise en plastique au dossier poisseux.
    Je grince.

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Encore une fois, ces premières lignes sont plutôt longues. Mais c'est une écriture si marquante. Nastasia Rugani m'a marquée à travers ces mots, des mots durs, crus, qui me nouaient la gorge tout au long de ma lecture. Des mots qui m'ont fait enragée aussi : comment ce policier peut-il se comporter de la sorte ? Comment peut-il faire vivre ce calvaire à cette jeune fille ?
J'aime cette écriture, on entre dans la tête de la jeune fille, on suffoque avec elle, on sent les mots et les larmes se bloquaient dans notre gorge. J'aime le "vous" accusateur, cette absence de dialogue, juste des pensées qui deviennent des blessures devant ce policier.
J'aime cette écriture ; Nastasia Rugani ne prend pas de pincettes pour dénoncer le fonctionnement de la justice vis à vis du viol, le fait de ne pas croire les victimes. MAIS ON VOUS CROIT, VOUS N'Y ETES POUR RIEN, ON VOUS CROIT.

jeudi 23 juin 2022

Throwback Thursday

  J'ai découvert ce rendez-vous sur le blog Coffee & Books

Bettie du blog BettieRose books a décidé de reprendre le concept du Throwback Thursday d'Instagram (vous connaissiez vous ? moi pas du tout ^^') et de l'adapter à l'univers "livresque". 
Chaque jeudi, il faut trouver un livre dans notre bibliothèque (de préférence un qui s'y trouve depuis longtemps) qui correspond à un thème donné et en parler. Sympathique non ?
Le flambeau a été repris par Carole du blog My Books, et c'est désormais chez elle que se fait le récapitulatif des liens.

Thème du jour (23 juin)
Musique 


Je dois avouer qu'au  départ le thème "musique" ne m'inspirait pas du tout. Puis Carole m'a donné des pistes (merci à elle!), et j'ai de suite pensé à cette lecture doudou. Girl Online, de Zoe Sugg, ça date, j'avais 14 ans quand je ai lu et chroniqué ce livre et j'avais adoré ! Je me souviens encore de Penny à qui je m'étais tant identifiée, de Noah dont j'avais deviné le secret, d'Elliot que j'admirais et de Bella que je trouvais si mignonne. Je l'ai relu il n'y a pas si longtemps pour me redonner le sourire, cette lecture est si douce, si cocooning.

Sur instagram, je m'étends plus sur mon rapport à la musique. En ce moment, elle rythme mes journées, du réveil au couché, j'ai une playlist pour chaque situation. La photo que je publie, c'est mon papa qui l'a prise, je lui ai demandé de choisir un vinyle qu'il voulait me faire découvrir et je me suis endormi en l'écoutant ; j'avais l'impression d'être avec mon papa, c'était agréable. 

Le thème de la semaine prochaine est "U comme..."

Et vous, à quel livre pensez-vous quand je vous dis "musique"

mardi 21 juin 2022

Un livre à travers des citations : "De la Vieillesse", de Cicéron


Titre : De la Vieillesse
Auteur : Cicéron
Traducteur : Mathieu Cochereau (latin)
Edition : Gallimard
Collection : Allia
Nombre de pages : 160
Parution : 22 août 2019
Coût : 7€




4ème de couverture 

Dans ce dialogue empli de sagesse, Caton est désigné comme l'avocat de la vieillesse contre quatre chefs d'accusation : elle empêcherait de briller dans la vie publique, affaiblirait le corps, interdirait les plaisirs et ferait sentir l'approche de la mort.
Pour Caton au contraire, la vieillesse est l'âge le plus propice aux oeuvres accomplies de l'esprit, le corps étant délivré de la servitude des sens. Elle prépare l'âme à la libération totale procurée par la mort. Caton suggère une attitude exemplaire et loue l'expérience.
Celui qui n'attend que de lui-même n'a rien à craindre des lois de la nature : «La faiblesse convient à l'enfance ; la fierté à la jeunesse ; la gravité à l'âge mûr ; la maturité à la vieillesse : ce sont autant de fruits naturels qu'il faut cueillir avec le temps.»

Mon avis

J'ai trouvé ce petit livre dans la bibliothèque de l'hôpital et je l'ai pris, pourquoi ? je ne sais pas. J'ai appris il y a peu que ma grand-mère était malade, cancer. Cette nouvelle m'a assommée, c'est mon dernier grand-parent, et elle est si jeune, 70 ans. J'ai peur pour elle. La vieillesse et la mort sont deux choses extrêmement douloureuses pour moi. Deux choses que mon cerveau refuse d'accepter. Ce petit livre m'a fait du bien, j'ai été étonnamment apaisée après ma lecture. 

Il s'agit principalement d'un monologue de Canton l'ancien à deux interlocuteurs : Lélius et Scipion. Canton décrit la vieillesse et réfute les idées reçues. Découpés en 4 thèses :
- que la vieillesse éloignerait des affaires
- que la vieillesse affaiblirait le corps
- que la vieillesse serait dépourvue de plaisir
- que la vieillesse nous rapprocherait de la mort, 
c'est un livre très court et pourtant extrêmement intéressant.

Je pense que des citations parlerons mieux que mes mots.


"Quo uobis mentus, rectae quae stare solebant
Antehac, dementis sesi flexere uiai" 
= Dans quels méandres vos esprits, habitués jusqu'ici à se conduire droitement, se sont-ils donc mis à errer? 

"Sorit arbores, quae alteri saeclo peosint" 
= Il plante des arbres pour la postérité 

" J'estime que ce qui est le plus triste dans la vieillesse, 
c'est de sentir qu'à cet âge, on est un poids pour les autres" 

" ainsi, vous constatez que la vieillesse n'est ni inerte ni languissante, bien au contraire elle est placée sous le signe du travail." 

"Il faut se contenter de ce que l'on a et dans toutes ces actions agir en fonction de notre vigueur," 

" Toutefois cet abandon lui-même a plus souvent pour cause les vices de la jeunesse que la vieillesse en tant que telle : c'est en effet une jeunesse dépravée et intempérente qui laisse à la vieillesse un corps exsangue. "

" Le cours de la vie est fixée d'avance, la nature ne suis qu'une route, toute tracée, et chaque âge de la vie reçoit en partage un tempérament qui lui est propre, "

" Je veux bien concéder que la vieillesse est austère, mais modérément, comme toute chose, cependant on y trouve nulle aigreur. "

" Si la mort ne nous condamne pas au malheur, et si elle nous conduit même au bonheur pourquoi la craindrions-nous ? "

" comme je l'ai souvent dit le fruit de la vieillesse réside dans le souvenir et l'abandon des biens obtenus au cours de la vie, "

" Lorsque la mort touche les jeunes gens la nature s'y oppose et y répugne, pour moi la mort des jeunes gens ressemble à une ardente flamme qu'emportent des trombes d'eau, tandis que la mort des vieillards est comme un feu qui s'éteint en se consumant de lui-même sans que rien ne lui fasse violence. Et, de même que les fruits, (...) c'est par la force qu'on enlève la vie aux jeunes gens alors que c'est la maturité qui emporte les vieillards. "

"Mais on ne saurait déterminer avec exactitude le moment où la vieillesse prendra fin, et on la vit convenablement tant qu'il nous est possible d'accomplir et de poursuivre les charges que notre devoir nous impose et de tenir la mort en respect. De ce fait la vieillesse surpasse la jeunesse à la fois en hardiesse et en encourage."

" la meilleure fin que l'on puisse souhaiter c'est lorsque, alors que l'on a encore toute sa tête et ses sens intactes, la nature dissous elle-même l'oeuvre qu'elle avait édifié."

" Selon (Ennius) nul n'est besoin de porter le deuil d'un défunt dont l'immortalité suivra la mort. "

" Et, puisque il est dans la nature de l'âme d'être simple et de ne contenir en elle rien qui lui soit différent et dissemblables, elle ne peut être divisée, et comme elle ne le peut pas, elle ne saurait mourir. "

" la nature nous a donné un refuge où faire halte et non une résidence permanente. "

" C'est la nature qui décide de fixer une limite à la vie comme à toute chose. La vieillesse est semblable à l'ultime scène du drame de la vie dont il faut se garder d'être las, d'autant plus lorsque l'on en est repu. "

dimanche 19 juin 2022

Premières lignes : Jonas, de Lily Arcoeur

Premières lignes est un rendez-vous créé par Aurélia du blog Ma Lecturothèque. Il s'agit de vous faire découvrir un livre en vous mettant ses premières lignes. Simple non ?
J'ai trouvé le principe plutôt sympa, donc quand l'envie m'en prendra, pourquoi ne pas le faire?
Ce genre d'article est pour moi l'occasion de vous partager certaines de mes lectures sur lesquelles j'aurais du mal à disserter longtemps ou des écritures qui m'ont particulièrement touchée, reconnaissables dès les premières lignes.


Prologue

Samedi 17 novembre 2012

– Jonas… T’es prêt ?
– Ouais, deux secondes !
Je m’appuie dos contre la porte de la salle de bains et pousse un soupir. J’entends maman courir partout entre sa chambre et le salon, très affairée. C’est bizarre, cette effervescence, cet enthousiasme. Papa et elle, on les croirait en train de se préparer pour une fête.
– Jonas, si tu sors pas, on va être à la bourre. Ils vont te tuer.
– Ouais, c’est bon !
La porte s’ouvre d’un coup et je tombe presque en arrière. Je me rattrape de justesse et me tourne vers lui, furieuse… avant de rester bouche bée devant son accoutrement.
– Nan, tu déconnes…
Mon frère s’est procuré le pull de leur organisation, la Manif pour tous, mais en version rose – pour les filles, donc. Version rose, et XXXL, ça lui tombe jusqu’aux genoux comme une robe et dévoile une de ses épaules osseuses. Je lève un sourcil jusqu’au plafond.
– Tu peux pas y aller comme ça, Jon, déconne pas. Et puis, ça fait carrément…
– Quoi, ça fait carrément quoi ?
Je me mords la lèvre, hésite. Plonge mes yeux dans les siens, d’un bleu très clair – à cette loterie-là, c’est lui qui a gagné, les miens sont du marron le plus banal.
– Ben… tu sais bien. T’as vu ton épaule ?
Il rigole.
– Ça les rendrait fous, hein ?
J’hésite encore, l’observant par en dessous à travers mes courtes boucles rousses indisciplinées.
– Jon. Tu me dirais, hein ?
– Je te dirais quoi ?
– Si tu l’étais.
– C’est si dur que ça de prononcer ce mot ?
Je m’empourpre.
– Non. Si tu étais gay. Voilà, je l’ai dit, t’es content ? Tu me dirais ?
Bien sûr qu’il me dirait. Les parents le tueraient, il aurait besoin de tout le soutien nécessaire. Il sait bien que je serai là quoi qu’il arrive. Il sourit, plus sérieux. Se penche sur moi et m’embrasse sur le front, comme il le fait parfois maintenant qu’il me dépasse – c’est injuste, c’est pourtant moi l’aînée, d’un an.
– Bien sûr que je te dirais. Bon, c’était juste pour déconner, tout ça. Je voulais leur faire peur.
Je ris un peu à mon tour.
– Ça marcherait sacrément bien, si tu veux mon avis…
– Ouais. Peut-être un peu trop.
Il retire le pull d’un mouvement adroit, dévoilant son torse nu un peu trop maigre, et me le tend.
– Tu veux le mettre ?
– Ça va pas non ? Jamais de la vie, je rigole encore.
Il se fait plus sombre.
– Je sais pas, ça a pas l’air de t’embêter plus que ça, d’aller à cette manif.
Je hausse une épaule.
– On n’a pas vraiment le choix, de toute façon. Qu’est-ce que tu veux que ça me fasse ? Je m’en fous.
Il secoue la tête.
– De quoi tu te fous pas, hein ?
– Hé ! Va chier !
Je lui balance son pull à la figure et me détourne, furieuse. Tout le monde ne peut pas s’intéresser à ce genre de trucs, hein, la politique, l’écologie, comment on gère le monde… Il n’a que quinze ans, comment il peut paraître si sérieux, parfois !
 
Oh non, c’est une caméra que je vois là ? Il ne manquait plus que ça, qu’on passe à la télé. Je m’en fiche de faire partie de ce cortège d’excités, mais j’aimerais autant que personne du lycée me voie, c’est la honte assurée.
Les parents marchent devant, bras dessus, bras dessous. Je ne les avais pas vus aussi unis depuis des années. C’est drôle, ils n’avaient jamais manifesté de leur vie, avant. C’est fou qu’il ait fallu un truc aussi insignifiant que le mariage gay pour les indigner au point de les pousser à descendre dans la rue.
Jonas marche à côté de moi en balançant des vacheries sur tous les gens qu’on croise. « Regarde celle-là, avec ses souliers vernis et son serre-tête en velours, on la croirait tout droit sortie d’un couvent… Et celle-là… oh merde, c’est une vraie bonne sœur ! » Je rigole avec lui. Ça fait passer le temps.
Dans son mégaphone, une femme très remontée hurle les mêmes slogans depuis l’heure qu’on marche dans ce cortège de personnes de tous âges. Elle a l’air tellement énervée, elle aussi. Et c’est si entraînant, ces slogans, que je me suis surprise à les répéter par ennui, à un moment. Et je me suis sentie comme un sujet de laboratoire dont on serait en train de laver le cerveau, ça m’a fait un drôle d’effet.
Je m’ennuie et, comme toujours dans ces cas-là, je laisse mes pensées vagabonder. En ce moment, elles ont tendance à toujours aller dans la même direction – vers l’image d’un garçon grand, brun, charismatique, qui parle avec un fort accent anglais en vous regardant droit dans les yeux, il est tellement intense… ! C’est William, l’un des nouveaux – et j’ai trop de chance parce qu’il est dans ma classe. William a déjà fait un million de trucs de fou dans sa vie, comme la moitié d’un tour du monde avec ses parents en camion. Il joue de la guitare et il est beau comme un dieu, je ne suis pas la seule à le dire. J’ai hâte d’être à lundi matin pour retourner en cours – et ça, c’est un petit exploit, parce qu’en ce moment je n’ai pas vraiment envie d’aller moisir dans ma classe de première scientifique. Jonas m’a traitée d’imbécile quand je lui ai dit quelle orientation je choisissais. Il m’a dit d’arrêter de toujours faire ce que les parents voulaient. On s’est disputés très fort, et on s’est réconciliés devant une bonne série, les pieds sur la table et avec un énorme seau de pop-corn.
Jonas et moi, on est inséparables. On a beau se crier dessus à longueur de journée, c’est la moitié de moi-même, presque comme si on était jumeaux. C’est l’ancre qui me relie à la terre ferme quand j’en ai marre de tout et que j’aimerais vivre dans un de mes livres, ce qui m’arrive un peu trop souvent.
Je lui jette un regard en coin. Il marche avec un petit sourire, les mains dans les poches de son jean, le soleil venant jouer dans ses cheveux châtains. Il faudrait que je lui parle enfin de William. D’habitude, je ne garde pas mes petits secrets aussi longtemps. Et mon frère est toujours, toujours de bon conseil pour moi. C’est décidé, ce soir je lui raconte tout.
Jonas, de Lily Arcoeur,
Hugo New Way poche 2022
317 pages, 7,60€ 



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Je reviens doucement sur le blog, doucement dans la lecture aussi. Je ne me sentais pas capable de vous faire une chronique complète de Jonas, de Lily Arcoeur, mais je tenais à vous en parler dans le cadre du mois des fiertés, alors une semaine après la Pride de Bordeaux (à laquelle je n'ai pu assister) voilà mon avis sur un livre LGBT qui dénonce le harcèlement et encense l'amour. 
C'est sur la table d'entrée de la bibliothèque que j'ai découvert ce roman ; il était un peu trop gros pour moi en ce moment, mais sa couverture verte m'a attirée. La quatrième de couverture est très secrète, on ne sait pas trop de quoi Jonas va parler, mais le synopsis de babelio a fini de me convaincre.

Je sais qu'habituellement, mes Premières lignes sont plus courtes, mais le prologue donne vraiment le ton du roman et je ne me sentais pas de le couper avant. 

Dans ce prologue, on sent la relation entre Louve et son frère Jonas, pleine de bienveillance, d'égalité, de respect. Ce fut pour moi un grand enjeu dans le roman : comment la relation entre eux va-t-elle évoluer au vu des révélations après ce mois de novembre ?
On sent aussi le poids familiale qui repose sur les épaules de Louve : elle n'accepte pas les idées de ses parents mais ne se rebelle pas. Combien d'enfants se retrouvent dans ce cas ? Que doit-elle faire ? Comment se comporter ?

Comme je le disais, j'ai beaucoup de mal à lire en ce moment, alors je ne saurais dire si les longueurs du texte était dues à mon absence de concentration ou au texte lui-même, mais parfois, je n'avais tout simplement pas envie de me replonger dans Jonas. Je trouvais certaines idées scénaristiques trop faciles comme la relation entre Louve et Arthur, comment cela s'est-il produit au juste ? Et puis, j'aurais aimé plus de détails concernant Elsa ou les autres personnages secondaires tels que Eliott et Flore. Je pense en effet que leur présence aurait pu apporter beaucoup au personnage de Louve, et en même temps, leur absence montrait le huis-clos familiale dans lequel elle était enfermée, son impuissance à trouver des ressources.

J'ai donc lu ce livre dans le cadre du mois des fiertés et j'ai trouvé que Lily Arcoeur abordait avec justesse le coming out des personnages et les répercussions dans la vie quotidienne :  
"Elle m’a dit qu’elle m’aimait « quand-même ». Ça change tout, ces deux petits mots. Parce qu’un jour on est un fils qu’on aime sans conditions, et le lendemain on n’est plus qu’un fils qu’on aime « quand-même »; malgré quelque chose. Et ce n’est pas à cause de quelque chose qu’on aurait faite. C’est malgré quelque chose qu’on est, comme une tare. Maman « m’aime quand-même », malgré ma tare, voilà ce qu’elle a dit" 
On assiste, impuissant, au harcèlement scolaire que subissent certains personnages, la façon dont ils perdent leur lumière, et comment le malêtre les gagne de plus en plus. On suit l'évolution de pensée de Louve, mais aussi de ses parents, et c'est très intéressant ; c'est la première fois que je lis un livre où ce n'est pas le protagoniste qui est outé. Que j'arrive à bien m'exprimer : c'était intéressant car on voit les répercussions sur le personnage de Louve et en même temps j'étais parfois gênée : comment peut-elle en vouloir à son frère ? Certes son monde s'écroule, mais celui de Jonas, le héros éponyme aussi. Parfois, Louve m'agaçait énormément. Je pense que c'est un livre pour un public plus hétéronormé : comment combattre ses préjugés. 

J'ai particulièrement apprécié l'épilogue, qui laissait la parole à Jonas et qui était juste sublime. Je ne voyais pas de meilleure manière de terminer ce roman que l'amour et l'acceptation de soi.

Avertissements : 
(surligner pour voir, cela peut potentiellement divulguer l'intrigue)

propos homophobes, harcèlement, scarifications, outing

jeudi 16 juin 2022

Throwback Thursday

 J'ai découvert ce rendez-vous sur le blog Coffee & Books

Bettie du blog BettieRose books a décidé de reprendre le concept du Throwback Thursday d'Instagram (vous connaissiez vous ? moi pas du tout ^^') et de l'adapter à l'univers "livresque". 
Chaque jeudi, il faut trouver un livre dans notre bibliothèque (de préférence un qui s'y trouve depuis longtemps) qui correspond à un thème donné et en parler. Sympathique non ?
Le flambeau a été repris par Carole du blog My Books, et c'est désormais chez elle que se fait le récapitulatif des liens.

Pour revenir toute en douceur, je commence avec des rendez-vous, et en retard en plus, car n'ayant pas ma bibliothèque à disposition, c'est le thème de la semaine dernière que je vais reprendre. 

Pour les curieux, le thème de cette semaine est "Fake Relationship", et je pense immédiatement à If you tanna be my lover de Emma Green où Avril (ou May je ne sais plus) est en "couple goal" sur les réseaux. Sauf que quand elle échange sa place avec sa jumelle, Avril (ou May encore une fois je me mélange les pinceaux) doit faire semblant d'être en relation avec cet homme qui la prend pour une autre et dont elle commence à tomber amoureuse. Complexe non ? J'avais emprunté ce livre à la bibliothèque mais entre la roman et la taille du roman, j'ai dû abandonné.

Le thème de la semaine prochaine est "Musique"


Thème du jour (9 juin 2022)
Ton dernier achat livresque 



Mon dernier achat livresque, c'est mon papa qui me l'a acheté et il s'agit de la bande dessinée Elles, de Kid Toussaint et Aveline Stokart, le tome 2. J'ai vu cette bande dessinée au Salon Livre Paris et franchement, elle me faisait de l'oeil. Mais je n'ai pas craqué ! Sauf que deux semaines plus tard je rentre dans une librairie de manga et que vois-je ? Les tomes 1 et 2 sur l'étalage, c'était un signe, je me devais d'acheter le 1. Mais vous voulez savoir l'ironie ? C'est que je ne l'ai toujours pas lu ! J'avais envie de les enchaîner, je voulais les garder pour un moment particulier et je suis ravie que mon papa m'ait acheté ce tome 2. Je pense que ce sera ma prochaine lecture.

Elles, tome 2 : Universelle(s)
de Kid Toussaint et Aveline Stokart, 
aux éditions Le Lombard le 29/04/2022

Et vous, quel est votre dernier craquage ? 
Je souhaite bon courage à tout.e.s celles et ceux qui passent le bac de français cet après-midi !