L’enfant marche dans la forêt, adossé à l’absence de sa mère. Il apprend peu à peu à porter son héritage de mystère et de liberté. Avec un chien pour guide, il découvre des lieux inconnus. À chaque lieu, une expérience nouvelle. Jusqu’à la maison de l’à-pic.
Le père, menuisier du village, délaisse le chemin familier du Café à la maison vide. En quête d’une autre forme d’affranchissement, il cherche à délivrer son corps des rets du désir et de la mémoire.
Et puis il y a la grand-mère, qui fait la tournée des fermes voisines, dont le parcours encercle et embrasse le passé comme les possibles.
Porté par la puissance de l’imaginaire, L’Enfant qui raconte l’invention de soi, et se déploie, sensuel et concret, en osmose avec le paysage et les élans des corps, pour mieux tutoyer l’envol.
Cet enfant, c’est « l’enfant », c’est « tu », nous n’en savons pas plus, et cela interroge. Qui est-il ?Pourquoi cette adresse ? Alors que les autres personnages sont décrits, détaillés, lui reste non identifié. Sa solitude est alors renforcée car, bien qu’il partage les pages avec son père et sa grand-mère, seule l’absence de sa mère compte. Le narrateur s’appuie sur ce manque pour parler à l’enfant, le raconter.
On découvre la mère à travers les pensées et les souvenirs des trois personnages. La mère devient la personnification du monde, en cherchant à la comprendre, ils cherchent en fait la signification de la vie elle-même.
"Est-ce qu'un nom voyage bien après que toute voix s'est tue ? est que les branches basses des arbres le portent jusqu'à leur sommets et le nom, porté par le souffle du vent, doucement, comme un petit dans la mâchoire d'un mère, découvre l'étendue de la canopée de la forêt. Combien de temps faut-il pour qu'un nom redescende jusqu'à l'oreille de celui qui et nommé ?
p106
Ce petit livre d’une centaine de pages ne retrace qu’une seule journée, où l’important n’est pas les actions mais les réflexions qui en découlent. Jeanne Benameur nous fait entrer dans un univers onirique où la nature tient une grande place, en osmose avec le corps. L’enfant, accompagné d’un chien, se promène dans la forêt, se faufilant dans des recoins, sentant la terre sous ses pieds, l’humidité dans l’air. Là, il peut laisser parler le silence, crier, chanter, écouter.
Jeanne Benameur nous livre ici un conte initiatique où l’enfant doit apprendre à grandir, le père à vivre sans sa femme. Ces personnages cherchent à se reconstruire après la disparition de l’être aimé, la femme, la mère. Comment raconter ce déchirement entre une mère et son enfant ? Où chercher la force pour avancer ? A travers leur douleurs et leurs blessures qui réapparaissent les personnages se tournent vers le passé et leurs souvenirs afin de reprendre le contrôle sur leur vie.
Ils t'attendent."
p36
"Tu t'affoles. J'entends ta respiration. Elle bute sur quelque chose de dur dans ta poitrine. Tu cours tu lutte contre ce qui durcit, là, une pierre. Entre tes côtes, l'air siffle et se serre. Alors tu sens que tu es toujours vivant. Par la douleur. C'est une rude façon mais c'est la seule que tu possèdes."
p13
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