titre : PLS
auteure : Joanne Richoux
édition : Acte Sud
nombre de pages : 93
parution : 5 février
coût : 13 €
Synopsis :
"– T’es en train de mater mes boobs ?
Je pourrais mentir.
– De ouf.
Je mens jamais.
Elle s’approche, prend ma clope et la balance sur les dalles. Nos doigts se sont effleurés, ça vaut bien le sacrifice d’une cigarette."
Soirée déguisée.
Sacha navigue chez lui entre sa sœur jumelle, la fille dont il est amoureux et ses amis. De pièce en pièce, il traîne sa mélancolie et noie ses démons dans les volutes de fumée et les vapeurs d’alcool. Jeux de regards, frottements des corps, plaisirs furtifs, assauts repoussés… Le temps s’égrène, se dilue. Lui avec. Bad trip ? Et si une lumière brillait quand même au bout de la nuit ?
Un roman noir, au verbe vif et cru, qui sonde les solitudes adolescentes, les fêlures de chacun, mais fait aussi entendre l’urgence d’aimer et d’être aimé.
En bref :
Un court roman saisissant. Des émotions qui pulsent dans le corps et bloquent la respiration. Des personnages brisés. Une écriture poétique, violente et crue à la foi.
Le détail :
Alors, je devais choisir. Choisir entre une belle chronique bien ordonnée ou tout simplement vous parler de mes émotions là-tout-de-suite-maintenant. J'ai essayé la chronique lambda : ça raconte ça, j'ai aimé ça, pas aimé ça... Mais j'ai pas réussi.
Comment puis-je vous parler clairement, simplement et de façon ordonnée d'un livre qui m'a totalement retournée ? Chamboulée, je suis chamboulée. Je lis très peu en ce moment, je veux dire peu de roman (je suis plus dans l'univers des critiques et analyses littéraires). J'ai peu de temps à consacrer à la lecture plaisir, quelques minutes certains soirs tout au plus. PLS, je l'ai commencé chapitre par chapitre en début de semaine, j'ai lu la moitié cet après-midi.
Et waouh. Ca fait un coup. Ca bloque la respiration. Je l'ai retrouvé ce sentiment de revivre après une lecture. Pas revivre en mode waouh je redécouvre la vie belle avec le soleil qui brille. Non. Revivre comme un retour en soi. Comme si pendant ces quelques pages, moi, Enora, avais arrêté de respirer. Je n'étais plus moi mais j'étais Sacha.
J'avais ses sentiments durs qui m'étouffaient, ses envies qui montaient, ses sensations, tout. Je vivais dans PLS, j'étais en pls. Et tout ça par les mots.
C'est magique non ? Ce pouvoir qu'ont les mots de nous faire être quelqu'un d'autre, pendant quelques pages. Et les mots de Joanne Richoux dans PLS giflent. Ils crachent leur écoeurement du monde, de la vie. Ils coupent, font mal. Pourtant ils sont beaux aussi, en décalage.
Sacha est en décalage à cette soirée. Entre Angie, sa soeur jumelle, son "rein", Elle, la fille qui l'obsède, qu'il aime, mais aussi les autres filles, les garçons, l'alcool, la cigarette, le Xanax, la musique, le bruit,... Il est en perpétuel décalage, garçon cynique. Il passe d'un lieu à un autre, d'une fille à une autre et on est emporté dans sa tête et ses émotions.
Au fur et à mesure, ce tourbillon monte en puissance. On sent qu'il va se passer quelque chose, je ne me doutais de rien, et quand ça arrive, c'est la claque. Freinage brusque. J'en ai pleuré.
J'avais été un peu déçue par Désaccordée, je n'avais pas retrouvé cette écriture que j'avais tant aimé dans ses autres romans (Marquise, Les Collisions, Toffee darling), ce mélange entre douceur et violence. Cette sorte de fraicheur crue.
Malgré toute la douleur, tous les ressentiments noirs de Sacha, il y a de l'espoir, Elle incarne l'espoir, la lumière dans l'obscurité. Dans ce combat entre vivre et survivre, la vie l'emporte finalement.
Comme le dit Marinette, Impossible d'oublier Sacha, en fermant le livre.
Un grand merci pour cet envoi surprise à Joanne Richoux et aux éditions Actes sud !