J'ai découvert ce rendez-vous sur le blog Coffee & Books.
"Je me plains à mes vers si j'ai quelques regrets, / Je me ris avec eux, je leur dis mon secret, / Comme étant de mon coeur les plus sûrs secrétaires." Du Bellay, "Les Regrets"
mardi 10 août 2021
Throwback Thursday
dimanche 8 août 2021
Peau d'homme, de Hubert et Zanzim
4ème de couverture :
Sans contrefaçon, je suis un garçon !
Dans l’Italie de la Renaissance, Bianca, demoiselle de bonne famille, est en âge de se marier. Ses parents lui trouvent un fiancé à leur goût : Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Le mariage semble devoir se dérouler sous les meilleurs auspices même si Bianca ne peut cacher sa déception de devoir épouser un homme dont elle ignore tout. Mais c’était sans connaître le secret détenu et légué par les femmes de sa famille depuis des générations : une « peau d’homme » ! En la revêtant, Bianca devient Lorenzo et bénéficie de tous les attributs d’un jeune homme à la beauté stupéfiante. Elle peut désormais visiter incognito le monde des hommes et apprendre à connaître son fiancé dans son milieu naturel. Mais dans sa peau d’homme, Bianca s'affranchit des limites imposées aux femmes et découvre l'amour et la sexualité.
La morale de la Renaissance agit alors en miroir de celle de notre siècle et pose plusieurs questions : pourquoi les femmes devraient-elles avoir une sexualité différente de celle des hommes ? Pourquoi leur plaisir et leur liberté devraient-ils faire l’objet de mépris et de coercition ? Comment enfin la morale peut-elle être l’instrument d’une domination à la fois sévère et inconsciente ?
À travers une fable enlevée et subtile comme une comédie de Billy Wilder, Hubert et Zanzim questionnent avec brio notre rapport au genre et à la sexualité… mais pas que. En mêlant ainsi la religion et le sexe, la morale et l’humour, la noblesse et le franc-parler, Peau d’homme nous invite tant à la libération des mœurs qu’à la quête folle et ardente de l’amour.
Avis :
Bon allez, je me jette à l’eau, je rédige ma chronique de Peau d’Homme. Qu’est-ce que je peux dire à part que cette BD fut un coup de coeur ? Que j’aimerais que tout le monde la lise ?
L’histoire se déroule dans la Renaissance italienne. Bianca, l’héroïne, va se marier avec Giovanni, un homme qu’elle connait à peine. Sa tante lui apprend alors un secret de famille : les femmes se transmettent depuis des générations une peau d’homme. Grâce à cette peau, Bianca peut rencontrer son fiancé, apprendre à le connaître sous les traits de « Lorenzo ». Elle va alors découvrir une liberté grisante qu’elle ne possède pas en tant que femme, mais aussi que Giovanni préfère les hommes aux femmes. Petit à petit, il tombe amoureux de Lorenzo, et Bianca mène une double vie : homme libre, heureux et amant comblé de Giovanni, et femme soumise, intriquée et délaissée par son mari. En parallèle de l’évolution de Bianca nous avons l’évolution de la société. Fra Angelo, empli d’un fanatisme religieux à faire peur, commence à resserrer son emprise sur les femmes, puis sur les hommes.
Bianca devient la figure de la liberté. Liberté sexuelle, liberté de pensée, liberté de vie. Autour d’elle gravitent différents personnages plus ou moins extravertis. J’ai aimé cette diversité de vies qui représente la société actuelle.
Parce que, Peau d’homme, comme souvent avec le principe d’éloignement, est terriblement actuelle. Elle aborde divers thèmes : la religion, le sexisme, le travestissement, l’homosexualité, la liberté… Elle pourrait faire penser aux Fables de Lafontaine, entre humour et morale, prônant la tolérance.
J’ai apprécié qu’il s’agisse d’une bande dessinée et non d’un roman. Le graphisme apporte vraiment quelque chose ici, peut-être un côté plus abordable ? Les dessins de Zanzim sont tous simples, avec certains traits enfantins, flous et très colorés. Cela ajoute à la mise à distance je trouve.
J’ai aimé voir les corps, voir la peau de Lorenzo dans sa boîte, voir Bianca l’enfiler comme un vêtement, voir les corps des uns et des autres se toucher, se coller.
Pour moi Peau d’homme nous livre une véritable réflexion sur la société moderne. Prise de conscience, à travers la satire, de la dualité inéluctable des extrêmes mais aussi de l’importance de la liberté et de la difficulté à se battre pour elle.
Je me répète, mais j’aimerais que tout le monde lise cet ouvrage.
vendredi 6 août 2021
American Royals, de Katharine Mcgee
4e de couverture :
Et si une famille royale régnait sur les Etats-Unis ?
Quand les États-Unis ont arraché leur indépendance aux Britanniques, George Washington, général en chef des armées américaines, s'est vu proposer la couronne. Et, au lieu d'insister pour que son pays devienne une république... il a accepté ! Deux cent cinquante ans plus tard, c'est donc la maison Washington qui est à la tête de la première puissance mondiale. Comme la plupart des familles régnantes, elle compte une héritière et un fusible, une éventuelle remplaçante. L'une sera la future reine, l'autre est là pour servir son pays, mais seulement au cas où. Béatrice et Samantha savent depuis l'enfance ce que l'on attend d'elles. Mais elles ne sont pas n'importe quelles princesses. Elles sont américaines, et leur pays est né d'une rébellion...
À seulement vingt-et-un an, Béatrice, élevée pour régner, a la chance de devenir la première reine du pays, où jusque-là seuls des hommes pouvaient exercer le pouvoir... une réforme du droit de succession a bouleversé son existence, mais son avenir tout tracé devient soudain trop pesant pour elle. Quant à Samantha, elle se soucie peu de briser les règles d'une cour qui se soucie peu de ses incartades – jusqu'au jour où sa sœur est soudain sommée d'épouser l'homme dont elle est tombée amoureuse... Sans oublier Jefferson, le frère jumeau de Samantha, relégué au troisième rang dans l'ordre de succession alors qu'il aurait dû régner, et pris dans une redoutable rivalité amoureuse.
Déchirés entre leur devoir et des penchants bien humains, les membres de la famille royale américaine se débattent sous les feux des projecteurs et des réseaux sociaux. Personnages irrésistibles, luttes d'influence et secrets d'alcôve... Une duologie sensible et cruelle qui rappelle la série phénomène The Crown, la modernité en plus. Découvrez, sous la plume de Katharine McGee, les mystères de la famille la plus célèbre de l'Histoire, dont les peines et les drames se jouent sur la plus vaste scène qui soit : le monde.
Avis :
Un jour, je tombe sur ce livre à la bibliothèque, je retiens sans trop savoir pourquoi. Après avoir vu Young Royals (la chronique de ce coup de coeur est disponible sur le blog) je n’avais qu’une envie : retrouver une ambiance identique, une tête couronnée mais humaine, authentique, jonglant entre ses désirs et ses devoirs. American Royals m’est plus ou moins revenu en tête, plus ou moins car j’ai cherché pendant des jours à retrouver le titre avec juste « une histoire de royauté dans les nouveautés ». Une fois le titre retrouvé, je l’ai emprunté à la bibliothèque, ainsi que le 2.
Malheureusement, ce fut une énorme déception. J’ai trouvé les personnages assez stéréotypés, sans réelle évolution en 500 pages. Ici, la polyphonie ne m’a pas fait le même effet que dans Annie au milieu de Emilie Chazerand (dont la chronique viendra plus tard). Ici, les façons de parler, le vocabulaire, la mise en page, tout était identique.
Les romances était aussi trop « basique » pour moi. En même temps, j’en ai lu tellement qu’il me faut maintenant un petit truc en plus. Il y en avait quatre, pour les quatre filles bien sûr, on tombe tous amoureux en même temps : l’héritière de son garde du corps, la princesse du fiancée de sa soeur, la roturière du prince, jumeau de sa meilleure amie, et l’arriviste du roturier, meilleur ami de son ex le prince. Bref, un bon imbroglio avec secrets, confusions, erreurs et pas d’alchimie. Sans parler de l'idée de mariage et d'amour éternelle que je ne trouve plus adapté à notre époque.
« Et si une famille royale régnait sur les Etats-Unis ? » forcément, cela aurait changé des choses, et j’aurais aimé avoir plus d’aperçu de la politique, de la vie sous cette royauté. Les quelques petites phrases par-ci par-là ne m’ont pas suffit. De plus, je m’attendais à une famille moderne, du style de Gossip Girl, avec jeans, blazer, marques connues, voitures et autres dépenses exubérantes des milliardaire. Au lieu de cela, j’avais plutôt l’impression d’assister à un reboot de La Sélection de Kiera Cass (j'ose vous renvoyer à un article de 2015 ? Allons-y, n'ayons pas honte).
Et comme beaucoup de reboot, je ne l’ai pas trouvé à la hauteur. Sur les romances, l’histoires, les personnages et l’écriture. En effet, je l’ai trouvé trop simple, sans style particulier. Original ou traduction ? Je ne sais pas. Mais il faut avouer qu’après Jane Austen (j’ai adoré !) et Emilie Chazerand dans Annie au milieu, avec son écriture si particulière, difficile de suivre.
Un point positif tout de même ? Les mères de Nina, Julie et Isabelle. J’ai aimé que Katharine Mcgee insère cette relation lesbienne, permettant une identification et une visibilité des relations homosexuelles qui ne s’arrêtent pas au coming out.
Bien que j’ai lu American Royals en une nuit, je ne pense pas lire le tome 2. Ce n’est plus le genre de romance que j’aime. En ce moment, je recherche quelque chose de plus prenant, corporellement parlant, de plus nouveau et inclusif aussi.
mercredi 4 août 2021
Et dans nos coeurs, un incendie, de Elodie Chan
Synopsis :
L’histoire fiévreuse, acide et romantique de deux ados brûlés par la vie mais sauvés par leur rencontre…
Isadora a dans la poitrine une poudrière. Elle passe son temps à faire la gueule et voudrait cramer la terre entière. Tristan, lui, a mis son cœur à l’abri dans une cage en acier, si bien qu’à force de ne rien ressentir, il pourrait en crever.
Le jour de leur rentrée au lycée, ils tombent l’un sur l’autre dans les toilettes. Elle a foutu le feu à une poubelle, lui tente de se pendre au-dessus de la cuvette,
et au moment où les yeux d’Isadora
Avis :
Je suis sans voix. Dans mon corps, ça vibre, ça bouge, comme de regarder le paysage défiler du train. Dans mon coeur, un incendie, c’est sûr.
Un immense merci aux éditions Sarbacane pour cet envoi.
Tout mon corps entier vibre d’émotions. Un incendie ? Il y en a un dans mon coeur, et un gros. Elodie Chan m’a fait ressentir tout ce que ressentaient Tristan et Isadora. J’ai pleuré, ris, désiré, ragé avec eux.
Ce livre, c’est une tempête. Une tempête d’émotions et de poésie. Et qu’est-ce que j’ai aimé me plonger dans cette tempête. J’ai eu un électrochoc, envie soudaine de ressentir, ressentir la vie aussi fort que dans le roman.
La plume d’Elodie Chan est électrisante, addictive. J’aime ce genre de plume, poétique, cynique, moderne et ancienne à la fois. Unique. J’ai aussi aimé retrouver Baudelaire. Alors que ce n’est pas mon poète préféré, c’est la deuxième fois qu’il est plus que présent dans une de mes lectures, et cela me donne envie de redécouvrir ses vers.
Ce livre, c’est un mélange entre Joanne Richoux, dans Les Collisions, PLS ou encore Virgile & Bloom par les personnages, les émotions, le ton, et Clémentine Beauvais dans Décomposée par la poésie, les vers libres.
La couverture est sublime, simple, mate, elle ressemble à l’histoire.
Je voudrais tellement rendre justice à ce livre, mais je n’y arrive pas. Cela fait exactement deux semaines que je l’ai terminé, et mis à part ces quelques lignes écrites juste après ma lecture, plus aucun mot ne me vient. Quand je pense à et dans nos coeurs, un incendie, je me souviens du choc que j’ai ressenti. Pendant des semaines, j’avais du mal à lire. Virgile & Bloom, de Joanne Richoux, m’a emportée, c’était génial mais après, impossible de lire quoique ce soit. Et dans nos coeurs, un incendie m’a transportée aussi fort, d’une écriture différente, et je n’ai pas pu m’arrêter de lire ensuite. Avant toute chose, je retiens ça : et dans nos coeurs, un incendie m’a redonner l’envie de lire.
Ce livre, c’est un ovni, je le trouve unique. Comme dans chaque Exprim’, nous avons la bande-son au début, je trouve cela génial, mais ici, les chapitres portent en plus des noms de musique, de quoi étoffer ma playlist ! La mise en page aussi est particulière, envoutante. Des post-it, des SMS, des notes et des dessins côtoient une écriture typographique, elle-même très libre avec des blancs, de l’italique, différentes polices et des mots qui flottent sur la page.
Et dans nos coeurs, un incendie, pour moi, c’est un voyage poétique au coeur même de l’adolescence avec ses peurs, ses doutes, ses colères, ses désirs, ses hésitations… Toutes ces émotions que l’on ressent si fort mais aussi cette absence d’émotion parfois. Je me suis retrouvé dans quelques pages, j’ai vécut et revécut certaines pages. Je vivais à la fois ma vie, et celle de Tristan et Isadora.
Je crois que je commence à me répéter. Cette chronique n’a plus aucun sens. Mais en même temps, comment en donner un quand on parle du corps ? C’est ça, c’est exactement ça. Pendant deux semaines, j’ai essayer d’écrire avec mon cerveau, d’analyser, mais en fait, et dans nos coeurs, un incendie a parlé à mon corps, et c’est donc mon corps qui parle maintenant, mes mains qui tapent frénétiquement sur mon clavier, mes pensées qui sont à des milles de mon bureau : dans les toilettes d’un lycée, au cimetière du Père Lachaise avec Tristan et Isadora. Et quand je laisse mon corps se nourrir du souvenir de ma lecture, je me rends compte que j’ai envie que tout le monde vive cette expérience, sortir de son corps et revenir dedans avec tant de force. Exactement comme avec Young Royals, la première série à m’avoir fait ressentir cela.
Donc, parce qu’il faut bien terminer cet article, ceci est une chronique comme un brouillon, mais je n’ai pas trouvé d’autre moyen de vous partager mon ressenti sur et dans nos coeurs, un incendie. C’est une lecture coup de coeur, à n’en pas douter, une lecture coup de poing qui m’a fait me sentir vivante et heureuse.