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samedi 20 août 2022

C'est comme ça que je disparais, de Mirion Malle


Titre : C'est comme ça que je disparais
Autrice : Mirion Malle
Edition : Edition La Ville Brule
Nombre de pages : 208
Parution : 17/01/2020
Coût : 19€




 TW : dépression, santé mentale

4ème de couverture 
L’autrice et dessinatrice Mirion Malle a fait des études de bande dessinée l’ESA Saint-Luc (Bruxelles) et est également titulaire d’un master de sociologie, spécialité études féministes. Bien connue pour ses BD didactiques, elle a publié en 2016 Commando Culotte (aux éditions Ankama, Label 619), en 2017, elle illustre Les règles, quelle aventure ! (textes d’Elise Thiébaut, éditions la ville brûle), un livre sur les règles destiné aux pré-ados et aux ados. En janvier 2019, elle publie La Ligue des Super Féministes (éditions la ville brûle).

Très attendue, il s’agit de la première BD de fiction de Mirion Malle, bien connue pour ses BD didactiques aussi percutantes qu’hilarantes. Elle nous livre avec C’est ainsi que je disparais une tranche de vie douce-amère, très « nouvelle vague » dans la façon dont l’héroïne et les personnages qui gravitent autour d’elle donnent à voir leurs difficultés, leurs peines, leur relations amicales et amoureuses. Mirion Malle nous entraîne au plus près des personnages et de leurs émotions, et surtout au plus près du mal-être et de la dépression vécue par l’héroïne, Clara, dans laquelle nombre de jeunes adultes se reconnaîtront.

Cette BD aborde en effet le sujet de la santé mentale et de la dépression. Et Mirion Malle, avec le talent qui est le sien, le fait avec énormément de sensibilité et de pudeur, par petites touches impressionnistes et sensibles composant un tableau particulièrement touchant.

On retrouve par ailleurs dans cette première BD de fiction des thèmes qui traversent ses autres ouvrages (la sororité, le soutien, l’écoute, les chansons des années 2000, la communication et les réseaux sociaux) et on y découvre la vie à Montréal (et le parler québécois qui va avec !).

Mon avis 
J'utilise cette bande dessinée pour vous parler de moi, de mon année. Comme Clara, l'héroïne, j'ai eu le goût de mourir, comme elle j'ai souffert de dépression, et comme elle, mes proches avaient du mal à comprendre.
Clara a subit un traumatisme et ne s'en remet pas. Elle se sent vide, perdue, elle s'efface, s'isole... Elle essaie de lutter, mais entre crises d'angoisse et phases dépressives, difficile pour elle de remonter la pente malgré l'inquiétude de son entourage.

Je n'ai pas subit de traumatisme, j'avais tout pour être heureuse, comment, pourquoi suis-je tombée si bas ?
J'au lutté d'octobre à mai en janvier, mon amoureux, qui était devenu mon seul pilier, m'a quittée, et j'ai sombré ; je voyais une psychologue et un psychiatre régulièrement. Il y avait des moments où ça allait, je suis partie à Lyon, à Bruxelles, à Florence. Mais il y avait toujours ce nuage noir au dessus de ma tête. Même entourée je me sentais seule, je faisais semblant, je me calquais sur les autres, prenais leur comportement. Parfois je n'arrivais pas à me lever, je ne pouvais plus lire, je m'alimentais mal. 
Et puis en mai, j'ai appris le cancer de ma mamie, j'avais déjà perdu mes deux autres grands-parents ces quatre dernières années. Ca été trop, je n'ai pas pu, j'ai déconné, je crois que c'était une façon pour moi de gérer, et d'appeler à l'aide. 
J'ai été entendu. J'ai d'abord été hospitalisée à domicile. Je n'arrivais toujours pas à lire. Je ne me sentais pas mieux, je faisais semblant. Et puis ça n'a plus suffit ; j'ai été hospitalisée trois semaines à Charles Perrens puis un mois et demi à la clinique Béthanie. 
Mes idées noires se sont peu à peu dissipées, même si je sens encore la présence de se nuage noir qui peut m'engloutir n'importe quand, de ce crabe d'angoisse qui me grignote de l'intérieur, et même si ma dépression s'est calmée, elle a exacerbé mes troubles alimentaires. 
J'ai vécu dans une bulle pendant près de deux mois et c'est cette bulle qui m'a redonné envie de lire. Je ne savais pas si je voulais vivre, j'avais besoin de soutient, de voir d'autres vies que la mienne, des vies heureuses, des vies "normales"

"Entre la vie et la mort, il y a une bibliothèque, dit-elle. Une bibliothèque aux étagères sans fin. Où chaque livre offre une chance d'essayer une vie que tu aurais pu vivre. Une occasion de voir comment cela se serait passé si tu avais fait d'autres choix... Aurais-tu fait autre chose si tu avais eu la possibilité d'effacer tes regrets ?"
La Bibliothèque de minuit, de Matt Haig

Et ça a marché. J'ai retrouvé goût à la lecture, un petit peu à la vie. Je vais continuer de lutter, lutter contre mes troubles de la personnalité et lutter contre l'anorexie. Parce que je veux vivre, je veux travailler dans les métiers du livre, comme Clara (étrange coïncidence n'est-ce pas ?), valider ma L3 à Paris en 2024 et entrer en master édition et commercialisation du livre.

Je me suis retrouvée dans C'est comme ça que je disparais. Ce n'est pas toujours facile pour nos proches de vivre ça, ils peuvent être maladroits, ne pas comprendre bien qu'habités des meilleurs intentions, et je trouve que Mirion Malle a parfaitement bien retranscrit ça, avec des pistes pour nous soutenir ; je l'ai fait acheté à mes parents.

Si vous avez connu la dépression, ou connaissez quelqu'un qui en souffre, ou juste parce que la santé mentale est importante et qu'il faut lire des livres dessus, lisez cette bande dessinée. Et vivez, je vous en prie, vivez de tout votre coeur.

Enora

2 commentaires:

  1. Je suis navrée d'apprendre que tu as tant souffert ces derniers mois. Même si je ne suis jamais tombée dans la dépression ni dans l'anorexie, ma sœur a eu le même type de problème et je sais tout de même que c'est très difficile à vivre. J'espère que tu iras vite mieux et que ce nuage noir s'estompera.

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    1. Merci beaucoup, ça me touche énormément. Le nuage s'éloigne petit à petit, je travaille dessus

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