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mardi 24 janvier 2023

C'est quand la vraie vie, de Claire Renaud


Titre : C'est quand la vraie vie ?
Autrice : Claire Renaud
Edition : Sarbacane
Collection : Exprim'
Nombre de pages : 224
Parution : 4 janvier 2023
Coût : 17€





4ème de couverture : 
Un « récit de vie » à l’échelle d’une année, qui fait grandir trois copines de 13 ans, avec drôlerie et délicatesse ! La vraie vie adolescente, pleine de ses gênes et drames savoureux. 

Antigone, Camille et Nina ont 13 ans, et beaucoup de questions, à commencer par : la vie, la vraie, ça commence quand ? Elles aimeraient vivre leurs aventures à elles, ne plus rester sur le bas-côté. Devenir des femmes fières et indépendantes – mais aussi, euh… belles, sûres d’elles, aimées, amoureuses ? Pour ça, Antigone compte bien prendre son destin en main, et elle a un plan. Non, deux. Trois plans. D’abord, elles vont devenir féministes. Et puis, se faire inviter aux soirées. Et puis, se trouver un amoureux. Et aussi, se relooker. Non, attendez, est-ce que c’est pas antinomique avec le fait d’être féministe ? Mince, et puis voilà soudain un drame familial à régler.
Alors ?? La vie, la vraie, ça commence quand ?


Mon avis : 

Merci aux éditions Sarbacane pour l'envoi

Antigone a 13 ans, deux copines : Camille et Nina, un crush et une conscience féministe. On fait la rencontre des trois amies le soir, dans la rue : elles collent. Pourquoi ? Parce que l’éveil féministe commence tôt, parce qu’elles veulent impressionner des filles de lycée, parce qu’elles veulent VIVRE. La jeune Enora de 13 ans est impressionnée, elle aussi aurait voulu s’insurger contre le système, faire partie de cette révolution politique.

Les lendemains, au collège, Antigone croise le regard de Basile, coup de foudre unilatéral, Antigone est prise dans ses filets. Telle la consonance tragique de son prénom, le garçon devient sa muse, son obsession, il faut qu’il l’aime, sans lui, sa vie n’a plus de goût. J’ai aimé la façon qu’a l’autrice de décrire le premier amour, il prend toute la place, nous déconcentre et nous laisse pantois, sans autre but que de se rapprocher du sujet de notre tentation. Néanmoins, avec l’emphase de ses phrases, j’ai trouvé qu’elle allait trop loin, certes, le premier amour est important, mais la plume de l’autrice lui a conféré un aspect un peu ridicule.


A partir de là, Antigone, Camille et Nina échafaudent un plan pour que notre héroïne séduise Basile : teinture, relooking, cuisine, et soirée, elles sont prêtes à tout. Mais ne sont-elles pas trop jeunes ? Se maquiller, se boucler les cheveux, les teindre en blonds… tout ça se passent au collège ? Ce n’était en tout cas pas mon collège à moi. Et c’est là que l’importance du public entre en jeu ; C’est quand la vraie vie ? est un romain Young adult alors que moi, du haut de mes 21 printemps, je lis plutôt du New adult. Le collège est loin pour moi, les codes ont changé et je n’arrive pas à m’identifier. 


Ce roman aborde donc les sujets qui peuvent définir la vie d’une ado, amours, collège, apparence, politique… et famille ! Parce qu’à la maison aussi, la vie bouge. Entre le père de Camille qui réapparait après une dizaine d’années d’absence et la mère d’Antigone qui ne rentre plus le soir, les drames familiaux occupent bien nos héroïnes. D’ailleurs, parlons en de ces parents : la mère est si blessée qu’elle rejette ses enfants et le père est si à l’ouest, que ce sont les grands qui deviennent les adultes. J’ai trouvé cela assez fort, Claire Renaud montre ainsi, peut-être de façon exagérée, que les parents sont avant tout des individus avec leurs propres failles et sentiments. 

On entre dans le roman avec une écriture bien particulière. La plume, poétique, est pleine d’emphases, elle est rythmée par une alternance entre phrases courtes et phrases nominatives, ce qui lui confère une impression toute théâtrale. L’autrice commence fort : C’est quand la vraie vie ? ne ressemble à rien de ce que j’ai lu, ce qui m’a au début bien décontenancée. Je trouvais que c’était trop, j’accrochais difficilement. Elle explique cela par le fait que notre héroïne, Antigone, s’inspire de son homonyme, la protagoniste tragique d’Euripide. Sauf que pour moi, Antigone c’est Anouilh, un de mes livres préféré et qui ne coïncide absolument pas avec l’écriture tragique de Claire Renaud. Au fil des pages, pourtant, elle se simplifie, se rapproche plus de notre façon de parler. Alors d’un côté, j’ai été soulagée, ma lecture était bien plus fluide, et de l’autre je me suis interrogée sur la raison qu’avait eu l’autrice d’écrire de cette façon au début du roman. 

En bref, je pense que je suis passée à côté de ce roman. La différence d’âge de public m’a empêchée d’entrer dans l’histoire comme il se doit. Néanmoins, l’histoire est sympa, l’écriture intéressante, les sujets nombreux et importants : ce roman plaira aux ados.