"Je me plains à mes vers si j'ai quelques regrets,
/ Je me ris avec eux, je leur dis mon secret,
/ Comme étant de mon coeur les plus sûrs secrétaires."
Du Bellay, "Les Regrets"
Quand j'étais petite, j'imaginais ma vie à vingt ans. J'irais à la fac à New York, je partagerais une petite chambre avec une coloc râleuse, et mon copain m'appellerait "chérie". Je viens d'avoir vingt ans. Je vais à la fac à Tokyo, je partage une grande maison avec six colocs géniaux, et ma copine m'appelle "ma petite otarie". Alors oui, je suis peut-être pas très forte en imagination de vie. Mais tu sais quoi ? C'est pas grave. La vie, c'est comme une blague. C'est plus rigolo quand t'as pas deviné la fin.
Mon avis :
Je me souviens avoir adoré J’ai avalé un arc-en-ciel que j’avais découvert par hasard dans mon CDI en seconde ou en première ; je l’avais même lu deux fois ! Quand J’ai égaré la Lune est sorti, j’ai hésité à le lire, j’avais peur d’être déçue. J’ai attendu longtemps et je n’ai pas pu m’empêcher de l’emprunter à la bibliothèque. Et qu’est-ce que j’ai aimé !
Puce et Aiden, toujours ensemble, entame leur deuxième année d’études post-bac et pour cela, elles s’envolent au Japon ! Malheureusement, Aiden a une proposition de stage à Los Angeles qu’elle ne peut refuser, et Puce se retrouve seule à Tokyo.
J’ai adoré découvrir ce pays à travers ses yeux. J’aime sa façon de penser en deux langues : français et anglais, de comparer les expressions et les habitudes des Tokyoïtes. J’étais complètement dépaysée, ce voyage me faisait un bien fou moi qui suis coincée dans ma clinique.
Les lettres arc-en-ciel d’Aiden en français étaient magnifiques. C’était tellement beau de découvrir des bribes de leur histoire à travers ce français bancal mais aimant.
J’aime toujours le style d’Erwan Ji, le blog de Puce, comme un journal intime, est entrainant, fluide. On a accès à ses pensées, aux évènements, parfois avec du recule, aux anecdotes…
Puce m’a encore une fois fait tombée sous son charme. Rigolote, spontanée, maladroite, elle se remet en question et veut le Vivre, le grand Vivre, elle ne veut plus attendre et veut tout découvrir. J’ai aimé ce côté de sa personnalité.
Avec J’ai égaré la Lune, j’ai retrouver le goût de vivre, le Vivre que cherche Puce. J’ai tout ressenti avec elle, ses peurs, ses joies, ses doutes. Je vivais avec elle, dans sa colocation japonaise. Grande colocation d’ailleurs puisqu’ils étaient 6 et tous d’origines différentes. Ca apportait beaucoup de diversité culturelle au roman, et Erwan Ji n’a pas lésiné sur les informations japonaises sans pour autant nous écrouler dessous.
Cette lecture était parfaite. Je ne sais si c’est le contexte dans lequel je l’ai lue, mais je n’ai rien à redire dessus. Elle aborde de multiples thèmes : le voyages, la découverte, les relations à distance, la colocation, la maladie, « l’analphabétisme de luxe ». Mais surtout, et je ne le répèterai jamais assez, Puce, tu m’as donné envie de Vivre.
La Présidente de la République l’a décidé : tout élève doit faire, entre sa troisième et sa seconde, une année de service civique quelque part en France. Valentin Lemonnier n’a pas de chance : ses vœux ne sont pas respectés, et il est envoyé dans le Pas-de-Calais, dans un centre pour personnes âgées atteintes d’Alzheimer, minutieusement reconstitué pour ressembler à un village des années 60.
Sa première mission semble assez simple : écrire une lettre à une pensionnaire qui a répondu à un concours dans un Salut les Copains de 1967, pour lui annoncer que, malheureusement, Françoise Hardy ne va pas pouvoir venir chanter dans leur ville.
Sauf que c’est difficile d’annoncer une telle mauvaise nouvelle. Alors il annonce l’inverse. Françoise Hardy viendra ! il s’y engage personnellement. Et pour ce faire, il va falloir trouver un sosie de la star, qui vienne chanter son tube La maison où j’ai grandi à tous les pensionnaires.
Avis :
Valentin a 15 ans et doit effectuer un stage de an dans une unité Mnémosyne, un centre pour personnes âgées atteinte d’Alzheimer. Ces quelques 400 pages sont son rapport quotidien où il raconte sa vie en colocation, ses journées au centre, il y raconte des conversations avec des patients, ses angoisses, ses découvertes. Il y ajoute aussi des notes rétrospectives, écrites à la fin de son année de stage ce qui nous permet de voir son évolution.
On grandi avec Valentin. Il nous émeut, nous agace, nous fait rire. Valentin c’est un ado de 15 ans, comme on a pu l’être.
Avec les angoisses du monde qui nous entoure, Valentin aime se réfugier dans cette bulle de souvenirs des années 60, et nous aussi.
Parfois la présence de la mort et de la maladie était pour moi accablante, et c’est ce qui m’a tant rebutée à écrire cette chronique, mais en fait, ce n’est pas un apitoiement. Certes c’était parfois triste, mais Clémentine Beauvais a su donner à Valentin une voix naïve, sincère, gagnant en maturité, qui nous plonge dans cet univers de manière douce, attentionnée et joyeuse.
je l'ai écouté en boucle pendant ma lecture, et puis après aussi.
Comment j’ai changé ma soeur en huitre (et une huitre en ma soeur), de Emilie Chazerand
titre : Comment j’ai changé ma soeur en huitre (et une huitre en ma soeur)
autrice : Emilie Chazerand
illustratrice : Joëlle Dreidemy
édition : Sarbacane
collection : Pépix
nombre de pages : 224
date de sortie : 19 août 2020
coût : 10,90€
Merci aux éditions Sarbacane pour cet envoi
4è de couverture :
Je m’appelle Germain et j’ai une vie gé-niale. J’ai un père mannequin pieds. Vous l’avez sûrement vu dans la pub pour les mycoses des ongles. Ma mère est une artiste, mais, comme c’est la crise, elle travaille à la cantine de mon école. Et y a Younès, mon meilleur copain. Ensemble, on a inventé Pâteman, le super-héros qui se change en plat de pâtes. Bref, tout va bien. Sauf que j’ai une sœur. Judith a douze ans et c’est la seule erreur que mes parents ont faite. Mais hier, au Réveillon, on m’a servi une huître. J’y ai touché du bout du doigt, et, crois-moi ou pas, l’huître m’a parlé. On a papoté et elle m’a proposé un truc dingo : échanger sa place contre celle de Judith…
Avis :
Germain le dit lui-même, il a une vie gé-niale. Exceptée sa soeur. Judith, 12 ans, son pire cauchemar. Alors quand une huitre lui demande de prendre la place de sa soeur afin qu’elle devienne une huitre, il accepte. Le problème, c’est que cette huitre veut faire la révolution, et qu’elle transforme tous les humains en huitre et inversement.
Ce Pépix, si original par son histoire, nous fait suivre Germain, héros en devenir. Il doit sauver la terre de l’invasion des huitres et est à mourir de rire. En décalage, naïf et, on peut le dire, avec une haute estime de lui, nous fait vivre une aventure hors du commun.
Ce qui fait que j’ai aimé Comment j’ai changé ma soeur en huitre (et une huitre en ma soeur) ? Toute la réflexion sur la fraternité vu par un petit garçon. On peut le dire, les frères et soeurs, c’est casse-pieds, comme nous le démontre si bien Germain avec ses dessins et listes. Mais c’est aussi beau ce lien qui uni une fratrie, et Emilie Chazerand, qui joue avec, c’est génial.
La Vie princière de Marc Pautrel
titre : La Vie princière
auteur : Marc Pautrel
édition : Gallimard
collection : L'Infinie
nombre de pages : 80
date de sortie : 4 janvier 2018
coût : 10,50€
Coup de coeur
4è de couverture :
«Puisque le Domaine est une propriété privée et qu'il ne passe ici qu'un ou deux véhicules par jour, nous marchons en plein milieu de la chaussée, la route nous appartient, on dirait qu'elle a été tracée pour nous seuls au milieu des vallons, percée à flanc de coteau puis parfaitement aplanie, égalisée et goudronnée uniquement pour que toi et moi puissions y marcher tous les deux côte à côte le plus confortablement possible, et parler, parler sans cesse, expliquer, imaginer, se souvenir, inventer, interroger, démontrer, raconter, échanger nos idées, nos mots, nos vies.»
Avis :
Ce court roman, mélange de journal et d’épistolarité, m’a bouleversée. L’écriture est sublime, poétique. L’adresse du narrateur à L. avec le -tu- nous plonge immédiatement dans leur histoire, j’étais partagée entre une position de voyeurisme et celle de destinataire.
Pourtant très court, je l'ai lu en 3 fois, à chaque fois, happée par l'écriture, m'envolant au grès des mots. Je sentais l'amour du narrateur, son amour et sa tristesse.
Citations :
"La séparation est devenue une constante de mon existence qui m'a forcé à changer de vie, et c'est pour ça que je suis devenu romancier : je veux tout transformer en légende, créer une boucle continue, doubler l'éternité."
"Se quitter pour se retrouver encore, encore et encore, c'est sans doute une des multiples formes que peut prendre le paradis ici-bas."
Le journal de Bridget Jones, de Helen Fielding
titre : Le Journal de Bridget Jones
titre original : Bridget Jones's diary
autrice : Helen Fielding
édition : Albin Michel
nombre de pages : 368
date de sortie : août 2001
coût : 20,50€ (existe aussi en poche)
4è de couverture :
«58,5 kg (mais post-Noël), unités d'alcool : 14 (mais compte en fait pour deux à cause de soirée de nouvel an), cigarettes : 22, calories : 5 422.» À presque trente ans, Bridget Jones consigne ses déboires amoureux dans son journal. Elle sort trop, fume trop, boit trop, compte les calories et fantasme sur son play-boy de patron. Sa hantise : finir vieille fille. Ses objectifs : perdre du poids et trouver son prince charmant. L'irrésistible confession de la célibataire la plus célèbre de la planète.
Avis :
De prime abord étonnée par l’écriture, celle d’un journal intime avec des abréviations, des bilans quotidiens, des sautes de pronoms, je me suis laissée prendre par les rocambolesques histoires de cette trentenaire britannique. En période de concours blanc, j'ai séparé ma lecture suivant les mois d'écriture de Bridgette : janvier le lundi, février le mardi, ect... cela refaisait mes journées à moi, me mettant le sourire au lèvres. C’est facile à lire, rapide, amusant, et franchement, maintenant, je n’ai plus qu’une envie : voir les adaptations !
Les lettres d'amours. Quelle magnifique invention je trouve. C'est vrai, c'est tellement beau de recevoir une lettre, des mots tracés à l'encre sur du papier. C'est tellement personnel, intemporel.
Cette anthologie contient 35 lettres, écrites entre 1593 et 1927. Ce sont des auteurs, des musiciens, des comédiens. Des êtres humains connus qui ont partagé leur coeur avec quelqu'un.
Et nous, des décennies, des siècles après, nous lisons ces lettres, ces morceaux d'amour. Est-ce indiscret ? Je n'arrive pas à savoir. Mais ce que je sais, c'est que ces lettres m'ont émue. J'ai souri et même eu envie de pleurer par moments. Certaines sont si belles, comment un homme, une femme, peuvent-ils s'épancher à se point, se livrer comme ça, s'aimer et se l'avouer ? Certaines histoires sont tristes aussi. Des amours non partagés, des fins trop brusques.
De plus, au début de ce recueil se trouve une sorte de mini nouvelle écrite par Irène Frain. Cette histoire a tellement fait écho en moi, lettres d'amour et modernité. Je n'aurais pu imaginer de meilleure entrée en matière.
Quoiqu'il en soit, ce recueil épistolaire fut une découverte magnifique. Et puis, se dire que ce n'est pas inventé, que des personnes ont réellement envoyé ces lettres, ont réellement ressenti cela,... C'est beau. Encore plus qu'une fiction, ça donne de l'espoir je trouve. Et puis une petite note d'envie aussi ;)
Victor Hugo à Juliette Drouet
1833
"Je vous aime, mon pauvre ange, vous le savez bien, et pourtant vous voulez que je vous l'écrive.Vous avez raison. Il faut s'aimer, et puis il faut se le dire, et puis il faut se l'écrire, et puis il faut se baiser sur la bouche, sur les yeux, et ailleurs. Vous êtes ma Juliette bien-aimée.
Quand je suis triste, je pense à vous, comme l'hiver on pense au soleil, et quand je suis gai je pense à vous, comme en plein soleil on pense à l'ombre. Vous voyez bien, Juliette, que je vous aime de toute mon âme. "
Synopsis : L'histoire d'un correspondance entre deux amis qui vont être séparés par les évènements de 1932 Mon avis J'ai lu ce petit livre pour les cours. Je me suis rendue compte un peu tard qu'il me manquait un livre pour mon cahier de lecture.
J’aime beaucoup ce style de narration.
Par contre dans un roman aussi court, je ne me suis pas attachée aux
personnages.
A ma première lecture j’ai cru
comprendre que Max vengeait sa sœur en essayant d’impliquer Martin. Mais il n’y
avait alors pas de cohérence avec le postface. A la deuxième lecture, j’ai
envisagé que Max faisait réellement parti de la résistance et qu’il utilisait
l’adresse de Martin sans plus se soucier de son sort.
J’ai été très déçue de l’attitude de
Martin et ce livre m’apporte un autre témoignage de cette époque qui a brisé
des amitiés, des familles, des amours.