autrice : Claire Renaud
illustratrice : Maurèen Poignonec
édition : Sarbacane
collection : Pépix
parution : 6 janvier 2021
coût : 10,90€
4ème de couverture
« Je m’inquiète. Papi ne dort plus la nuit, il va et vient dans l’appartement et fait un sacré raffut. Je crois que c’est parce que son pote, Léonard, le barreur de leur bateau au club d’aviron, a été placé dans une maison de retraite. Du coup, « l’équipe des Lascars » (l’équipe de Papi, ils ont tous des prénoms qui se finissent en ‘ar’, c’est pour ça) va perdre la course de dimanche, et Papi déteste perdre !
Alors ils ont décidé, avec Richard l’Anglais, Oscar le prof de lettres, Bernard le pharmacien (et donc Gérard mon papi déménageur), de s’introduire dans l’Ehpad et d’en ressortir avec Léonard. Seulement, à l’entrée, il y a une sorte de Cerbère, une gardienne pas commode qui voit tout, entend tout et empêche tout. Donc il va falloir ruser… »
Avis :
Merci aux éditions Sarbacane pour cet envoi !
Guenièvre, c’est la narratrice, et elle est sacrément tête en l’air ! Vous vous souvenez de cet.te élève en primaire qui venait à l’école en pyjamas, avec ses chaussons…? Eh bien c’est elle ! Elle a une maman danseuse qui virevolte plus qu’elle ne bouge et un papi Gérard, ancien déménageur, qui fonce plus qu’il ne réfléchit.
Et c’est justement Papi Gégé qui va lui poser problème. Vous pensiez les papis-mamies bien tranquilles et inoffensifs ? Que nenni !
«Avec les papis et les mamies, faut toujours se méfier ! Ils ont l’air vieux et fragiles, un peu rêveurs, et en fait ils peuvent être super inventifs, très efficaces… et inarrêtables ! Quand ils passent à l’action, crois-moi, ça dépote !» dit Clémentine, la meilleure amie de Guenièvre et la petite fille d’une mamie qui voulait braquer une supérette (C’est dans Les Mamies attaquent, que je n’ai pas lu, mais qui me donne bien envie maintenant !)
Papi Gégé a une compet’ d’aviron et il lui manque un membre, coincé dans un EHPAD. Alors, avec sa bande des Lascars, il a décidé de le faire évader,
Dès le départ, on sent qu’on va rire n’est-ce pas ? Parce que bien sûr, ça va partir en cacahuète, bien sûr, les Lascars vous se heurter à un obstacle de taille : Cerbère ; ils vont enchainer échec sur échec et imaginer des plans plus farfelus les uns que les autres que nous découvrons avec délice.
La bande des Lascars même est hilarante :
- Gérard, un peu balourd, très fonceur et qui gueule si fort que le rôle du chef lui revient d’office
- Bernard, ancien pharmacien qui se promène avec sa mallette de médicaments « au cas où » et qui se préoccupe de la santé de tout le monde
- Richard, Anglais avec un français approximatif, ce qui donne des phrases à se tordre de rire. Je l’adore !
- Oscar, comme tout bon prof qui se respecte, il récite des auteurs sans arrêt et je trouve l’idée top comme première approche des « œuvres classiques » pour les plus petits (et puis j’en ai glané une ou deux pour mes cours)
- Léonard, enfin, le Lascar coincé dans un EHPAD avec une jambe cassée et pour qui les autres se démènent. Il accepte tout, il est tout mignon, je ne sais même pas s’il n’était pas un tout petit peu bien quand même à tricoter à l’EHPAD.
Bref, un concentré de rigolade raconté par Guenièvre avec beaucoup de lucidité et de naïveté en même temps (je me demande juste si parfois, « elle » n’utilise pas des mots trop compliqués sans forcément les expliquer : un bâtiment vétuste, des enfants savent ce que cela veut dire ? Mon petit frère de 11ans non, peut-être une petite phrase du genre : « mais si, vous savez, quand c’est tout vieux, tout abîmer » mais bon, pour ça, il faudrait peut-être l’avis de quelqu’un plus au même de l’éducation que moi) et qui m’a fait passer un très bon moment !
Un petit peu de khâgne ?
“Le ciel est, par-dessus le toit,
/Si bleu, si calme!
/Un arbre, par-dessus le toit,
/Berce sa palme.”
Verlaine, Sagesse
Ecrite lorsqu'il se trouvait en prison, je trouve cette citation très belle. Je vais essayer de la glisser dans une de mes dissert', elle peut convenir au motif de l'ennui, ennui si grand qu'il ne peut se dire par l'expression du sentiment mais par des images, ennui devenu universel, comme vision désabusée du monde, un monde où l'on est enfermé.
“Avec quelle rigueur, Destin, tu me poursuis !
/Je ne sais où je vais, je ne sais où je suis.”
Racine, Phèdre, Thésée, IV, 1
La perpétuelle errance de Phèdre, d'Hippolyte, de Thésée dans Phèdre, mais aussi d'Antiochus dans Bérénice. L'errance physique peut traduire l'errance mentale, le fait que les personnages soient perdus dans leurs sentiments trop violents, le fait qu'il n'existe pas d'endroit, pas de vie possible où ils puissent vivre avec ces sentiments là.
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